Un bref aperçu des tapis Savonneries

Atelier de tapis SavonnerieL'aube de l'histoire des tapis en France est étroitement liée à deux ateliers de tissage, Savonnerie et Aubusson. Il existe des références à des tapis ayant été tissés en France avant le 17ème siècle, mais aucun n'a été retrouvé. L'action d'Henri IV de France d'accorder un permis à Pierre Dupont, en 1608, pour fabriquer des tapis Savonnerie est similaire à l'établissement d'ateliers à la cour par les Mughals et les Safavids, dont l'objectif commun était de produire des œuvres d'art exceptionnelles. En 1627 Louis XVIII accorda à Dupont (1577-1640) et son apprenti Simon Lourdet (mort en1671) le 'privilège' royal de tisser des tapis. Ils s'établirent donc dans une ancienne usine de savon, d'où le nom de Savonnerie, qui a rapidement été associé à tous les produits de la fabrique - tapis, panneaux et tentures - tous créés exclusivement pour la cour. Dès le début, des créateurs ont été employés pour concevoir les motifs, tous de style européen. À la différence des premiers tapis Américains ou Anglais, il semble que la Savonnerie n'ait jamais tenté d'imiter le style Oriental. Une loi fut promulguée pour interdire l’importation de tapis venant d'Orient afin de préserver les ateliers de la Savonnerie, qui s'est vu attribuer le monopole du tissage de tapis au nouage fin.

Les tapis de la Savonnerie du 17ème siècle sont synonymes d'une grande opulence, largement expliquée par les affinités de la cour avec la fabrique. Jusqu'en 1768 l'usine a travaillé principalement, voire exclusivement pour la cour, ne produisant que des tapis tissés. La richesse des couleurs utilisées, associée à la technique suprême avec laquelle acanthes (variété de plante vivace), motifs classiques et motifs floraux sont assortis, crée un effet somptueux digne de toute maison royale. En 1663, Colbert, un des ministres de Louis XIV, a stipulé qu'un peintre de l'Académie Royale devait superviser la conception des tapis et enseigner le dessin au personnel chaque mois. Plusieurs peintres importants ont ainsi travaillé avec la Savonnerie, notamment Charles Le Brun et, plus tard au 18ème siècle, François Boucher.

Pendant la seconde partie du règne de Louis XIV, les guerres ont été source de difficultés économiques pour le pays, en grande partie responsables du déclin de la fabrique entre 1690 et 1712. Cependant, elle a par la suite repris vie et a produit des tapis plus féminins, assortis aux styles artistiques dominants dans ce secteur. Les couleurs tendres, les fleurs délicates, les guirlandes de fleurs et les rubans y sont alors courants. L'apogée de la fabrique se termine et vers le début du 19ème siècle, les tapis Aubusson, moins dispendieux, devinrent populaires. Bien que Napoléon ait fait appel à la fabrique pour tisser de beaux tapis de style Empire, en 1825, la Savonnerie s'associa à la fabrique de tapisseries Gobelin, et son indépendance prit fin. Pour apprendre plus sur l'histoire des tapis de style français, veuillez visiter notre section: tapis français.

Sources et inspiration : BÉRINSTAIN, Valérie, et al. L'art du tapis dans le monde, Paris, Mengès, 1996, 378 p. ; JERREHIAN JR., Aram K. A. Oriental Rug Primer, Philadelphie, Running Press, 1980, 223 p. ; HERBERT, Janice Summers. Oriental Rugs, New York, Macmillan, 1982, 176 p. ; HACKMACK, Adolf. Chinese Carpets And Rugs, Rutland et Tokyo, Tuttle, 1980, 45 p. ; DE MOUBRAY, Amicia. et David BLACK. Carpets for the home, London, Laurence King Publishing, 1999, 224 p. ; JACOBSEN, Charles. Oriental Rugs A Complete Guide, Rutland et Tokyo, Tuttle, 1962, 479 p. ; BASHIR, Shuja. communication personnelle, s.d. ; Sources de sites web et dates de consultation variées (à être confirmées). Utilisé sous toutes réserves.