Tapis Aubusson 6'2" x 4'2"
Overview
Matériaux et savoir-faire :
Ce tapis fin et soigneusement noué à la main contient un mélange parfait de 80 % de soie pure et de 20 % de laine pure. Les tapis persans et orientaux fabriqués à partir d'un pourcentage élevé de soie sont complexes et sont souvent les plus précieux de tous les tapis faits à la main. Les fibres de soie de cette pièce créent un bel éclat sur tout le champ et les bordures, offrant une sensation ultra luxueuse. L'utilisation de la soie garantit un rendu précis des motifs décoratifs puisque les fibres de soie résistantes permettent aux tisserands qualifiés de tisser plus de nœuds par pouce carré (KPSI) que ceux des tapis en laine. Un tapis persan ou oriental typique en laine peut avoir entre 100 et 300 KPSI - un tapis typique à 80 % de soie contient entre 200 et 500 KPSI. En conséquence, le tissage du tapis nécessitera environ trois fois plus de travail, et c’est l’une des principales raisons pour lesquelles les tapis en soie coûtent deux à trois fois plus cher que les tapis en laine. Les détails de cette pièce particulière contiennent également de la laine, ce qui augmente sa durabilité.
Un bref aperçu des tapis Aubusson
La manufacture de la Savonnerie, à partir des années 1740, n'est plus la seule à produire des tapis de goût français : Aubusson la seconde dans cette tâche. Déjà renommée pour ses tapisseries, cette manufacture va peu à peu se tailler une part honorable des commandes du Garde-meuble royal. À preuve cet extrait du mémoire de l'inspecteur Chateaufavier, rédigé en 1781 pour l'Encyclopédie Française : « On fabrique dans deux manufactures (Aubusson et Felletin) des tapis veloutés à la façon de Turquie, ainsi qu'on l'a déjà annoncé : mais l'époque de la création de ce genre de fabrication est aussi moderne que celle des tapisseries est ancienne, puisque ce n'est qu'en 1740 qu'on a commencé à établir dans cette ville cette nouvelle branche d'industrie (...) son accroissement a été très rapide et ses métiers ne diffèrent en rien « de ceux de la Savonnerie de Chaillot », que les procédés sont rigoureusement identiques, et que seule la main-d'œuvre diffère. En réalité, le nom d'Aubusson se retrouve comme un nom de marque, un "label", pourrait-on dire, et recouvre une production diverse et éclatée en de multiples unités.
Contrairement à la Savonnerie, la Manufacture royale d'Aubusson est constituée d'un système d'ateliers ainsi décrits dans un rapport de 1794 : « La manufacture d'Aubusson est disséminée dans toute la ville, les ouvriers travaillent à leurs domiciles, les uns pour leur propre compte, les autres pour celui de fabricants, qui réunissaient sous leurs ordres un certain nombre d'ouvriers. » Il s'agit en somme d'une collectivité d'ateliers privés regroupés sous contrôle et qui bénéficient d'une protection royale. Les lettres patentes pour la fabrication des tapisseries datent de 1730 et 1732, et sont complétées, en 1743, puis 1746, par des articles réglementant précisément la production de « tapis de pied » et autres ouvrages façon « de Turquie et de Perse », puisque qu'ils serviront aussi d'écrans et de garnitures de sièges.
La décision de fabriquer des tapis de pieds veloutés est prise, à l'origine, par Orry de Fulvy, contrôleur général des Finances, et Charles de Trudaine, conseiller d'État, qui confient en 1743 la mise en route du projet au sieur de Bonneval, inspecteur général du Commerce de France. Le 8 mars 1744, un projet de règlement en trente articles est soumis au Conseil qui, par un arrêt du 21 mai 1746, accorde aux deux entrepreneurs, Mage et Dessarteaux, le privilège exclusif de fabriquer des tapis. Les deux fabricants commencent la production avec huit métiers, outils et ustensiles, offerts part le roi, en même temps qu'un prêt sous caution pour dix ans, à charge pour eux de développer cette spécialité. Très vite, ils recrutent des sous-traitants, et, installés à Aubusson, sont aussi marchands tapissiers à Paris.
La ville d'Aubusson, malgré son enclavement au cœur de la haute Marche (Creus), ne vit pas de façon autarcique : l'Auvergne lui fournit la laine des tapis communs, la Picardie celle des tapis fins et , l'Angleterre pourvoit aux besoins textiles superfins. La production est très vite organisée selon une hiérarchie de matériaux et de qualités. En fait le handicap géographique de la ville stimule, semble-t-il, ses manufacturiers, qui font preuve d'un grand dynamisme et livrent leurs produits non seulement aux correspondants parisiens et provinciaux mais aussi en Allemagne, en Suisse, en Hollande, en Prusse et en Angleterre. Pour en apprendre plus sur l'histoire des tapis français, veuillez visiter notre section: tapis français
Sources et inspiration : BÉRINSTAIN, Valérie, et al. L'art du tapis dans le monde, Paris, Mengès, 1996, 378 p. ; JERREHIAN JR., Aram K. A. Oriental Rug Primer, Philadelphie, Running Press, 1980, 223 p. ; HERBERT, Janice Summers. Oriental Rugs, New York, Macmillan, 1982, 176 p. ; HACKMACK, Adolf. Chinese Carpets And Rugs, Rutland et Tokyo, Tuttle, 1980, 45 p. ; DE MOUBRAY, Amicia. et David BLACK. Carpets for the home, London, Laurence King Publishing, 1999, 224 p. ; JACOBSEN, Charles. Oriental Rugs A Complete Guide, Rutland et Tokyo, Tuttle, 1962, 479 p. ; BASHIR, Shuja. communication personnelle, s.d. ; Sources de sites web et dates de consultation variées (à être confirmées). Utilisé sous toutes réserves.
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